L’Art numérique : prière de toucher à tout

3 mai 2018 - Carré Frais #154

L’Art numérique : prière de toucher à tout

#Le digital au service de la culture

En 2000, la généralisation d’Internet a instauré une nouvelle forme d’art multimédia. Cette mutation a suscité l’effet « wahou » avec notamment l’apparition du vidéo-mapping . L’événement de la Région Centre Chartres en lumières attire par exemple depuis 2002 des milliers de curieux chaque année. Les cultures numériques s’immiscent plus que jamais dans l’art contemporain et le monde du spectacle. Afin de vulgariser et démocratiser ce concept, l’association bordelaise Unisphères sensibilise un jeune public à la création et à l’interprétation de cette nouvelle lubie technologique. L’ouverture de lieux dédiés, comme la Gaîté-Lyrique à Paris, témoigne d’un regain d’intérêt pour l’art digital multi sensoriel. L’approche immersive séduit notamment les « digitales natives » qui maîtrisent le multimédia sur le bout des doigts et qui s’approprie de manière inventive les arts numériques. Le public, même amateur, est curieux, car cette forme de création offre une interactivité totale et c’est ce qu’il recherche.

 

#L’artiste numérique

On parlait déjà d’art cinétique dans les années 50/60. On parle aussi aujourd’hui de « Post Internet Art ». Pour Stéphane Maguet, directeur de la galerie d’arts numériques NumerisCausa, « c’est un artiste qui utilise les technologies numériques pour s’exprimer, questionner, chercher ; avec une grammaire, des codes, de nouveaux langages, des enjeux et qui vient définir une culture ». La naissance d’Internet s’étant imposée comme un terrain vierge, non investi par les marques. A date tout s’accélère : l’arrivée des fake news, le pouvoir des GAFA… C’est dans ce registre complexe que les artistes numériques donnent du sens à leurs œuvres. Les plasticiens s’entourent désormais de scientifiques pour intégrer l’I.A à leurs créations. Ensemble, ils élaborent des programmes immersifs pour que le public interagisse avec l’œuvre.

 

#Quel avenir ?

Il y a peu, les œuvres issues du numérique faisaient des apparitions furtives dans des festivals de musique électronique, aujourd’hui, elles percent dans des lieux d’exposition corporate comme les fondations d’EDF et de la MAIF. Depuis trois ou quatre ans, le marché de l’art en ligne croît malgré le ralentissement global du marché de l’art classique. En Chine et aux US, des plateformes d’art et grands collectionneurs ont déjà vu le jour. On note quelques freins quant à son acquisition : les institutions et les fonds d’art contemporain possèdent encore des politiques d’acquisition trop frileuses ; certains fonds ont acheté des œuvres par le passé, mais n’ont pas su comment les entretenir, et beaucoup d’artistes ont perdu leurs projets de cette manière. Mais d’un point de vue positif, il nous faut aujourd’hui enseigner de nouveaux corps de métiers et former de nouveaux conservateurs de musée et pour séduire les collectionneurs, les niches fiscales sont un argument de taille. Espérons que dans 3 ans, le marché de l’art en ligne atteigne les 10 milliards d’euros prévus.

 

Exemples

 

L’accès au marché étant compliqué, Hugo Mulliez & François-Xavier Trancart ont créé Artsper, une « foire d’art contemporain en ligne permanente ».

 

Le premier centre d’art numérique a ouvert à Paris le 13 avril dernier. Ce nouveau lieu de culture appelé « L’Atelier des lumières » abrite pour son ouverture une exposition de Klimt.

 

A Bordeaux, la Base sous-marine accueille jusqu’au 20 mai l’exposition « Digital Abysses » du pionnier Miguel Chevalier.

Retour