Les multiples facettes du design graphique

21 mars 2019 - Carré Frais #171

Les multiples facettes du design graphique

# Le design collectif

À chaque début d’année, les sites dédiés à la communication prédisent les tendances graphiques afin d’éviter aux annonceurs et aux professionnels de passer pour des dinosaures. Pourtant, une publicité sur cinq utilisera ces nouveaux codes. Il est non seulement difficile d’assumer le caractère désuet de son identité visuelle (alors qu’on l’a fait refaire il y a deux ans), et il faut aussi et surtout que nos cibles puissent s’approprier la création. Un logo qui ne parle plus aux clients peut provoquer la rage de ces derniers. En démontre le repositionnement de la marque GAP en 2010 qui s’est vu revenir à son ancienne identité après s’être fait lyncher sur les réseaux sociaux. Nous sommes convaincus qu’il faut éviter les effets de mode en s’inscrivant dans la durabilité et/ou en assumant sa personnalité. Les identités sont multiples, car les compétences qui travaillent sur la marque le sont. Aujourd’hui, le design graphique est collectif : graphistes, planneurs stratégiques, UX designers, développeurs, chefs de projets… Tout le monde en interne est invité à penser, donner son avis, créer. Cela donne naissance à des identités singulières, parfois animées, texturées, totalement WTF ou sobres et intemporelles.

 

# Plutôt flat ou 3D ?

En 2018, certains prédisaient la mort du flat design. Ce style a émergé avec les entreprises du numérique (Google, Microsoft, Apple…), on le reconnait par son minimalisme, sans ombres, sans empattements. Il utilise des éléments de reconnaissance simples, que l’on retrouve sur nos interfaces web et l’icono de nos applis. La logique du flat design se veut centrée sur le contenu, sa lisibilité et sa fonctionnalité. Loin de disparaître, le flat se renouvelle. Il se dote de teintes plus vives, accepte les superpositions texte/images, les formes arts déco et parfois même les animations, tant que c’est plat. Par opposition au flat design, la 3D fait un boom. Elle peut apporter de la matière au visuel, donnant ainsi une impression réaliste du sujet exposé. La 3D se joue sur la typographie, qu’elle s’amuse à texturer, faire bouger, surdimensionner. On la retrouve également appliquée aux films publicitaires, sites internet, réseaux sociaux et en physique pour créer des expériences nouvelles. Elle permet aux marques d’immerger leurs consommateurs dans des univers forts, mettant plus facilement en avant leur état d’esprit. La 3D est le signe de la puissance du design collectif.

 

# Ambiance Cosy ou OVNI ?

On remarque une dualité entre deux styles bien distincts : les ambiances chaleureuses et celles totalement WTF.
Le design cosy utilise des teintes naturelles, joue sur l’authenticité des photos pour contrebalancer l’utilisation massive de visuels filtrés à l’aspect « Fake ». Certaines banques d’images optent alors pour une diffusion de visuels plus justes et moins galvaudés, à l’instar du site unsplash.com. Dans cette mouvance, on constate également un retour au « fait main », appliqué au logo comme aux supports de communication. Ce retour à l’authenticité se traduit également par la mise en avant de l’humain dans son contexte de vie / de création / de production. En témoigne, la campagne « Les portraits-vérité » lancée par LIDL à l’occasion du Salon International de l’Agriculture 2019.
En parallèle, un style d’un nouveau genre s’impose. Une tendance OVNI, qualifiée de « brutaliste » par certains experts tels que Florent Guerlain, directeur de création de Datagif. Le design brutal surfe sur des couleurs criardes, des mises en page sauvages, des typographies peu structurées, du texte qui dissimulent des images, etc. En bref, il fait la part belle au moche tout en restant esthétique… On retrouve essentiellement ce style dans les secteurs de la mode, de la musique et de l’art, mais sa propagation est imminente. A suivre de très près.

 

Exemples :

Instagram brutal : le roi de la 3D dérangée sur Instagram c’est @macomoroni. Avec ses créations totalement barrées, conséquences d’une pop culture créative et un peu chiffonnée, il arrive à surprendre, faire rire comme à mettre mal à l’aise.

Site de l’année : on est tombé sur un site anti conventionnel, anti structure, anti visuelle. Tellement anti, qu’il en devient identitaire. Il s’agit du site de l’artiste James Pants.

Des enseignes sur mesure : c’est le grand retour du sign-painting. Les lettres sont dessinées à la main directement sur le support, puis sont peintes donnant un effet différenciant et authentique à l’enseigne.

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