Trois mots clés qui font demain

2 mai 2019 - Carré Frais #174

Trois mots clés qui font demain

# Empowering people

Eh oui, on y vient : l’empowerment. Ce terme dont on abuse un peu trop parfois a quand même toute sa légitimité à exister dans un contexte d’action et de mobilisation sociale généralisée.
Cairn.info, site né de la volonté de quatre maisons d’édition de digitaliser des publications de sciences humaines, a dédié tout un article à l’empowerment. Issu du numéro 173 de Idées Économiques et Sociales, on y apprend que le mot s’est construit autour de deux dimensions : la première et la plus évidente, celle du pouvoir, et la seconde celle du processus d’apprentissage pour y accéder. Ainsi, cet « accès au pouvoir » peut se faire de manière individuelle, collective, sociale ou politique. Internet est alors un canal puissant de diffusion de l’empowerment. Il permet aux individus d’exprimer librement leurs revendications et de leur trouver écho au sein de communautés existantes. Passant de l’individuel au collectif, l’action prend de la valeur et redonne du sens à des combats que l’on mène trop souvent seul. « Empowering people » c’est alors cette volonté de responsabiliser chacun pour qu’il prenne le pouvoir en faveur d’un monde meilleur. Tout le monde est visé, à commencer par les entreprises. C’est d’ailleurs ce que l’événement « Sustainable Brands », qui s’est tenu les 23 et 25 avril dernier, a mis en lumière. L’objectif : Donner « aux citoyens, aux collaborateurs, aux fournisseurs et aux actionnaires les moyens de devenir les acteurs d’un futur meilleur » et passer de « compagnies qui font moins de mal, à des compagnies qui ont un impact social positif ». On a comme le sentiment que ça bouge enfin du côté des grandes entreprises… Les seules à avoir de l’impact dans un monde capitaliste, dont elles sont les reines.

 

# Sustainable natives

Pour créer de vraies sustainable brands, il faut de solides sustainable people.
Et les people qui débutent dans le monde des entreprises, ce sont les millennials. Vous savez, ces individus que le marketing a catégorisés sous les dénominations de génération Y, Z et de digital native. Ce dernier est né entre 1980 et 2000, il est un consommateur plus engagé sur plan éthique que ses prédécesseurs (de la génération X). Il est passé de « consom’acteur » – un consommateur qui souhaitait plus de transparence et d’éthique de la part des marques qu’il affectionne – à acteur, un citoyen voué à un profond désamour de marques mondialisées, un individu qui s’engage par des actions concrètes en faveur de l’Homme et de l’environnement (notons par exemple, la grève scolaire pour le climat).
Ce sustainable native, on en l’a lu dans l’ADN, on l’a entendu à la Cop24 (coucou Greta), on le suit sur Instagram (#sustanaibleblogger #ecoblogger #slowfashion etc.), on grandit avec lui à la Muse School de Californie. Preuve que l’école a un rôle prépondérant à jouer au service de la durabilité. Fondée en 2006 par Suzy Amis Cameron (l’épouse de James), la Muse School est la première école des États-Unis 100% solaire, 100% végétalienne et proche du 0 déchet. L’apprentissage des écoliers est autant basé sur les langues que sur la fabrication manuelle, sur l’art que sur la science, sur les Droits de l’Homme que sur la connaissance de la biodiversité. Son directeur, Jeff King, explique d’ailleurs que « dès l’enfance, on met des schémas tout préconstruits dans la tête des enfants. J’essaye de faire en sorte que ce ne soit pas le cas. De leur expliquer ce qu’est le développement durable, pour que ça fasse partie intégrante de leur identité. Il faut que cette génération soit sustainable native ».

 

# Collapsologie

La fin du monde est-elle en marche ?
C’est ce que les collapsologues nous expliquent si l’on continue à produire, à consommer et à vivre ainsi.
La collapsologie est un terme formé du latin « collapsus » – « qui est tombé sur » – et « logie », faisant référence à la science. En d’autres termes, la collapsologie c’est la science de la fin du monde.
Et si c’était vrai ? Pablo Sevigne, figure de proue du mouvement en France et auteur de « Comment tout peut s’effondrer » et « Une autre fin du monde est possible », était interviewé sur France Culture le 29 mars dernier pour expliquer son approche. Il part d’un constat évident, en lien avec la situation actuelle du monde : plus une société est inégalitaire, plus elle court à sa perte. Il cite, Jared Diamond, biologiste évolutionniste, physiologiste, historien et géonomiste américain et les 5 critères communs aux effondrements développés dans son ouvrage « Effondrement – Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie » : les dommages environnementaux, le changement climatique, les voisins hostiles (la pression militaire et économique de nations concurrentes plus fortes) le délitement de partenariats commerciaux amicaux, et les réponses apportées par une société à ses problèmes environnementaux : comprendre, le déni des élites et du gouvernement face à l’effondrement ou pire, l’adoption de comportements qui l’aggravent.
On comprend alors que la clé pour éviter le cataclysme de nos sociétés repose sur l’entraide au travers d’un profond altruisme. Ces empowering people, sustanaible natives et collapsologues ouvrent la voie à une nécessaire cohésion autour d’un récit commun, celui de l’écologie environnementale, sociale et profondément durable.

 

Exemples :

Empowering people : on attend encore les résultats concrets des multinationales dans leurs promesses de changement, mais on peut déjà noter leur implication au sein d’actions simples qui responsabilisent les consommateurs. Ainsi, Coca, Carrefour, Danone, Evian et plein d’autres enseignes promettent un retour aux emballages consignés grâce à leur partenariat avec Loop.

 

Sustanaible natives ? : parce qu’on aime bien faire l’avocat du diable, on vous partage une interview donnée par le journaliste Vincent Cocquebert à Stratégie. Il établit une critique du marketing générationnel au travers du prisme des millennials et se positionne en faveur d’un discours post-générationnel.
Source visuel : https://media.airofmelty.fr/article-3911841-ajust_1020/les-millennials-une-generation-de-sustainable.jpg

Collapsologie : si vous avez loupé l’intervention de l’astrophysicien Aurélien Barrau au Climax Festival 2018 sur la fin du monde : « Il est trop tard pour éviter le drame, mais il n’est pas trop tard pour que ce soit encore pire ».

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