Instagram ? “This is my only form of social media”

16 mai 2019 - Carré Frais #175

Instagram ? “This is my only form of social media”

# Du réseau à l’empire social

En 9 ans, Instagram aura connu une croissance fulgurante. Le réseau, racheté par Facebook en 2012, recensait en juin dernier 1 milliard d’utilisateurs actifs par mois dans le monde, contre 1 million en 2010. En France, 21 % de la population dispose d’un compte actif, dont 54 % de femmes et 46 % d’hommes.
Dès 2014, Instagram gagne environ 100 millions d’utilisateurs actifs par an. Alors que les personnes de 40 ans et plus se créent des profils Facebook, les utilisateurs de moins de 35 ans migrent vers Instagram. Le réseau devient alors le canal privilégié des 18-34 ans, curieux et amoureux de beaux clichés et de contenus #mode, #food, #déco, #maquillage, #voyages… Instagram, c’est aussi le tremplin d’un nouveau métier, celui d’influenceur, et le témoin d’un nouveau langage : « faire une story », « regramer un post », « tendance instafood », « contenu instagramable », etc. Autant de termes entrés dans nos vies quotidiennes. L’influenceur, premier évangéliste de l’Instavoc, est en passe de devenir l’acteur le mieux payé à ne rien faire créer des contenus de marques (#UGBC), généralement selon sa propre ligne éditoriale et graphique. Paradoxe de la vie d’entreprise, l’influenceur a tout intérêt à ne pas grandir trop vite. Après avoir passé le cap des 1 000 abonnés, le taux d’engagement des followers d’un compte diminue drastiquement (likes et commentaires confondus). Un influenceur durable semble être une personne physique qui donne le ton (pas trop promotionnel) de ce qui est tendance et qui crée les contenus les plus engageants auprès de sa propre microcommunauté d’utilisateurs qualifiés (pour qui ? quoi ? où ? comment ? quand ?).

 

# Un nouvel élan pour la publicité digitale

Avec son nombre grandissant d’utilisateurs actifs, la portée de ses micro-influenceurs, son taux d’engagement 60 fois plus élevé que sur Facebook et ses nouvelles fonctionnalités en faveur des marques, Instagram devient un canal indispensable à toute stratégie de communication. Et pour preuve, La Réclame nous rappelait au sein d’un article publié lundi qu’en 2017, 570 millions de dollars ont été investis en marketing d’influence. En 1 an, 150 % de contenus sponsorisés de plus ont été publiés par des influenceurs. Et, au premier trimestre 2019, les interactions entre les contenus sponsorisés publiés par un influenceur et non sponsorisés étaient pratiquement les mêmes. On comprend alors l’intérêt de travailler avec un instagrameurs au même positionnement que sa marque. D’ailleurs, la publicité sur Instagram est de moins en moins dissimulée, en témoigne les mentions #Ad, « contenus sponsorisés », « partenariat avec », etc., mais elle est toujours plus créative et multiple. Elle prend la forme de publicités sponsorisées, de partenariats judicieux, de jeux-concours, de stories. Et se diffuse sous forme de vidéo, d’album photo, de collages originaux, de GIF décalés, de sonorités. Certains codes d’Instagram s’exportent même en outdoor : Phenix, spécialiste du digital out of home (DOOH), et Melty, site d’information dédié à la « youth generation », se sont associés pour révolutionner l’affichage et toucher les millennials. Plus de 200 stories seront publiées sur l’ensemble des réseaux sociaux Melty et relayées en affichage digital sur le parc de 1 600 écrans de Phenix.
On pourrait s’attendre à une saturation commerciale du réseau, mais en attendant, Digimind nous rappelle qu’en septembre 2017, 53 % des marques ont vu leur bénéfice commercial augmenter grâce à Instagram.

 

# Une vitrine de notre société ?

Mais pourquoi Instagram plaît-il autant ? Sûrement parce que le réseau est un reflet idéalisé de notre société : cadrage particulier, feed parfait, déco tendances, places to be… Les contenus de certains comptes ressemblent à des pages de magazines pointus. Et la société adore le beau et la vie des gens. Comme si, leur identité virtuelle était le reflet de leur identité réelle alors que chacun aime à mettre des filtres sur son quotidien. Instagram sert pour la majorité ce besoin de reconnaissance et d’accomplissement offert par le nombre de likes et de commentaires positifs sur un post. Certains n’hésitent pas à supprimer une publication avec peu de likes pour la republier un jour de plus forte audience.
Mais Instagram a le mérite de pousser les individus et les entreprises à travailler leur contenu et leur déco ! Qu’il y a-t-il de pire que d’apercevoir un frigo blanc en fond d’une photo gastronomique ? (Lol). Dans le même temps, on assiste à une standardisation des lieux dits « Instagramables ». Alors oui, ils sont cleans, les fauteuils en rotin sont sympas, le carrelage portugais est bien disposé et les plantes rendent l’atmosphère cosy, mais le restaurant voisin est une copie conforme de son concurrent…
Instagram c’est aussi le risque d’une trop grande uniformisation des modes de consommations et de la production de contenus.

 

Exemples :

Environnement : WWF et son agence TBWA\Paris ont lancé sur Instagram une campagne de sensibilisation environnementale identifiée par le hashtag #TooLatergram. Neuf instagrameurs voyages ont été sélectionnés pour diffuser auprès de leur communauté des clichés marquants : une série de posts présentait des photos parfaites photoshopées alors qu’en réalité, ces lieux paradisiaques n’existent plus.
Source visuel : http://untitledmag.fr/toolatergram-wwf-lance-une-campagne-choc-pour-denoncer-les-ravages-de-la-pollution/

Cinéma : Adobe s’est amusé à parodier la vie d’une influenceuse au travers d’un mini film qui se pose la question suivante : « quelle serait la matinée d’une star d’Instagram en 1865 ? ». Le court-métrage signé Zach Braff est une satire amusante de l’industrie du marketing d’influence.

 

Gastronomie : Bru, une marque d’eau minérale distribuée dans de grands restaurants belges, joue l’antisocial en faveur des interactions de la vie réelle. Pour inciter les clients à consacrer du temps à leurs voisins de tables et à ce qu’ils ont dans l’assiette, Bru a produit une série d’assiettes dont la décoration cache des QR codes. Ces derniers permettent d’afficher un message sur le smartphone de toute personne souhaitant photographier son plat.

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